« Kiss me kosher », la comédie de la réalisatrice israélienne Shirel Peleg

Elles ont pourtant tout pour être heureuse, la petite brune Shira et la grande blonde Maria.

Shira travaille dans sa propre affaire, un bar-resto branché, La princesse juive, et Maria est ingénieur agronome spécialiste du changement climatique.

Certes, elles ont mis bien peu de temps — à peine trois mois depuis qu’elles ont fait connaissance — pour aménager ensemble. Certes, c’est le jour même de l’emménagement que Maria demande Shiva en mariage. Les choses vont vite mais pourquoi ne seraient-elles pas promises à l’amour ?

Oui mais, le moins que l’on puisse dire c’est qu’elles n’ont pas choisi la facilité. Shiva est issue d’une famille assez traditionnelle qui vit en Judée-Samarie, et dans laquelle on ne tient pas particulièrement à commenter l’homosexualité. Et maria est allemande. Pour les parents, d’une façon nette, elle a tout faux : « lesbienne, goy  et allemande ». Le tout est observé attentivement, comme consigné et scruté, par le petit frère Liam, qui s’est mis en tête de réaliser, pour le compte de son école de cinéma, un documentaire autour de la relation amoureuse Shira-Maria.

Les repas de shabbat deviennent de véritables pugilats au cours desquels rien n’est épargné à la petite fiancée de Shiva. Et même entre elles, dans leur intimité, les différences culturelles les rattrapent.

Dans la famille de Maria, par tradition et par histoire, on ne parle pas, et surtout du passé qui pourrait tout particulièrement créer des problèmes ; on préfère oublier ce que faisaient les grands-parents durant la guerre et s’en tenir à une version édulcorée : « ils étaient paysans ». Dans la famille de Shira, on parle et, comme elle l’explique dans un délicieux raccourci :

« Chez moi, on parle tout le temps. Et quand on n’analyse pas ou qu’on s’en sert pas d’excuse pour quelque chose qu’on n’est pas censé faire, on mange. Et ça aussi, c’est lié à l’Holocauste !« 

Et là-dessus, tandis que la grand-mère, survivante de la Shoah, ne veut surtout pas cautionner le choix de sa petite fille alors qu’elle-même est amoureuse secrètement — du moins elle le pense — d’un médecin arabe, voilà les parents de Maria qui débarquent d’Allemagne, avec leurs extravagances peu compatibles avec celles de la famille israélienne.

Tout pourrait bien exploser, et définitivement. Après tout, cette explosion est annoncée en permanence dans les crises de hoquet de Maria, ou bien dans l’alarme du restaurant La princesse juive que Shira n’arrive pas à désactiver, et qui se déclenche tout le temps.

Mais « l’amour est une pagaille », et il serait bien dommage de « passer à côté d’une si belle histoire ».

Ce film, sympathique et agréable, se paye l’audace d’une comédie romantique sur un sujet qui pourrait être des plus scabreux : celui du fossé entre les cultures, les éducations et les mœurs, et qui n’est jamais traité avec facilité ni complaisance.

Kiss me kosher, de Shirel Peleg.

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