« Le nez juif », le premier roman de l’auteur libanais Sabyl Ghoussoub

On se souvient de Michael Jackson, traumatisé par son père qui l’appelait « gros nez ». Là, non seulement la maman d’Aleph n’aime pas son nez, qu’elle trouve trop gros et trop juif, mais elle n’est pas la seule.

Un nez juif ? Quel problème ? Et bien pour Aleph, libanais maronite, le problème est lié à son identité qu’il n’arrive pas à construire. Il ne sait pas encore que la nature se joue des stéréotypes. En effet, déjà en 1935, Hessy Levinsons, juive, bébé à l’époque, n’a-t-elle pas été sélectionnée à son insu et celui de ses parents pour ses qualité aryennes, et fait la une d’un magazine de propagande ?

En classe, dans un établissement parisien catholique et élitiste, Aleph, lui, se fait traiter à tour de rôle de « sale arabe » ou de « sale juif », ses cousins l’appellent Golda Meir ou Ariel Sharon… Là où il se sent encore le mieux, c’est dans le monde de la nuit à mixer la musique en boîte. Là où se trouvent filles et argent, et où il connait un certain succès.

Puis il se lance dans différentes aventures autour du monde. Désirant libérer la Palestine, il adhère au Parti socialiste, s’inscrit en fac de droit, et finit par rejoindre le Liban où il se lance dans le cinéma pour séduire une fille, et s’essaie à la production de films. Pendant ce temps, sa mère se lamente, elle voudrait un fils pareil aux autres, c’est à dire qui fasse HEC, habite en France et réussisse socialement par le biais de ses études. Pour Aleph, assoiffé de reconnaissance, ce n’est pas tout à fait cela.

Finalement après avoir questionné et obtenu des détails sur la vie héroïque d’un oncle qu’il avait pris pour modèle, traumatisé par la réalité et pour trouver un échappatoire à son mal-être, Aleph va prendre son appareil photo et partir à la rencontre des synagogues libanaises.

A la fois drôle et émouvant, Le nez juif confirme qu’il n’est jamais facile d’être considéré comme un vilain petit canard, même si dans le conte ce dernier devient cygne. De plus la réflexion qu’il offre sur la réalité d’Israël et de la Palestine est intéressante.

Le nez juif, de Sabyl Ghoussoub, aux éditions de L’antilope. 128 pages. 16,00€.

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  1. ‘Beyrouth entre parenthèses’, Sabyl Ghoussoub. Agent trouble – Frédéric L’Helgoualch * Deci Delà

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