« Un amour sans résistance » : histoire d’amour sur terre battue

Le texte de l’écrivain Gilles Rozier, Un amour sans résistance, a fait l’objet d’une mise en scène de Gabriel Debray et s’avère être un moment théâtral exceptionnel par l’intensité des propos, entre ombre et lumière.

Il retrace l’histoire d’un professeur d’allemand en France occupée en 1942. L’interprétation peut être masculine ou féminine, et jouée en alternance par un comédien ou une comédienne. Ainsi, le texte peut être compris de deux manières différentes.

Un jour, ce professeur remarque, dans un groupe de prisonniers, un homme qui (le) la fascine : Herman. Herman est juif. Elle décide, pour le sauver, de le cacher dans sa cave. Commence alors pour eux deux une relation trouble faite de désir érotique, d’obsession, de curiosité parsemée de zones d’ombres, de rapports ambigus entre occupant et occupé. Son attirance pour cet homme majestueux envahit sa vie et lui donne sens.

Se pose alors la question de cette passion et de ses desseins. Le professeur cache-t-il (elle) Herman par compassion ? Par amour ? Par simple désir ? On ne sait pas non plus si Herman se prête à ce jeu érotique par désir, ou pour sauver sa peau.

Cette relation peut elle perdurer dans le temps ?

Entre eux, deux langues antagonistes : le yiddish parlé par Herman, et l’allemand par le professeur mâtiné de yiddish, qui apprend des bribes de rituels du judaïsme, des chants et des prières.

Jeux d’ombre, de silences, de désirs bruts, cette pièce nous prend à la gorge par des retournements de situation et du suspens, dans une écriture vive, juste, toute en tension. Elle est admirablement rendue par le jeu des deux comédiens en alternance : Chantal Petillot qui interprète le rôle féminin, et Xavier Beja, qui joue quant à lui celui l’homme.

Une performance théatrale à saluer.

Un amour sans résistance, actuellement au théâtre Le Local.

Si vous désirez aller plus loin :

Un amour sans résistance, de Gilles Rozier, aux éditions Folio. 192 pages. 7,40€.

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