« Madame Zola » : une femme passionnée, anticonformiste et… méconnue

Mettre en scène l’épouse de grands hommes de lettres est toujours délicat et nécessite une parfaite connaissance de sujet pour faire sortir de l’ombre ces épouses hors du commun.

Tel est le cas de Madame Zola, pièce écrite par Annick Le Goff et finement mise en scène par Anouche Setbon. A saluer la prestation de Catherine Arditi, extraordinaire de présence, de force et de fragilité à la fois.

Après l’enterrement d’Émile Zola et du grand hommage qui lui a été rendu au Panthéon, Alexandrine Zola se retrouve seule à gérer sa vie, mais aussi le patrimoine de son célèbre mari. Elle s’y attelle avec ferveur, comme elle l’a toujours fait durant plus de vingt ans de mariage.

Muse, secrétaire, amie, épouse accomplie, elle s’adresse à lui directement en faisant vivre son passé glorieux. Mais la solitude lui pèse, et elle se lie de plus en plus à son pharmacien qui vient lui livrer des médicaments de sa spécialité. Il la soulage de ses maux physiques mais aussi psychiques.

Là, on note des allusions malicieuses, distillés, quant à la future naissance de la psychanalyse et du pouvoir de la guérison par les mots. Cette étrange méthode qui « ne fera pas école », comme s’écrira Madame Zola, portera ses fruits, malgré ses réticences. Mais quand le pharmacien lui demandera de se confier et de lui dire ce qu’elle a sur le cœur, les mots et les aveux échangés la réconforteront totalement.

Tour à tour virulente, passionnée, autoritaire, anticonformiste, et parfois affaiblie, elle lui confiera même son secret de femme, à savoir qu’elle n’a pas pu avoir d’enfants avec son mari, tandis que lui avait une maîtresse qui lui en a donné deux. Enfants qu’elle prendra ensuite en charge et qu’elle chérira de façon exemplaire.

Est évoquée évidement la scandaleuse Affaire Dreyfus et le courageux « J’accuse » d’ Émile Zola, paru dans L’Aurore, de la condamnation du capitaine à sa réhabilitation, en passant par son exil.

Toutes les facettes de sa personnalité s’expriment sur scène, et surtout lorsque l’on sait que le personnage de Madame Zola est interprétée magnifiquement et majestueusement par la grande comédienne Catherine Arditi. Elle vibre littéralement sur scène, avec différents mouvements allant de la colère, à l’enthousiasme de l’abattement à l’ironie, et toujours avec une présence inouïe qui habite littéralement la scène, théâtrale.

Son partenaire, Pierre Forest, lui donne la réplique avec malice, courtoisie et une bonne dose d’humour.

A savourer d’urgence.

Madame Zola, actuellement au théâtre du Petit Montparnasse.

Si vous désirez aller plus loin :

Madame Zola, d’Evelyne Bloch-Dano, aux éditions Livre de Poche. 476 pages. 7,90€.
J’accuse… ! La vérité en marche, d’Emile Zola, aux éditions Archipoche. 256 pages. 8,00€.
L’Affaire Dreyfus, de Pierre Micquel, aux éditions PUF. 124 pages. 9,00€.
Lettres à Alexandrine (1876-1901), de Emile Zola, aux éditions Gallimard. 832 pages. 29,90€.

Et pour la jeunesse :

L’affaire Zola, de Jean-Charles Chapuzet et Christophe Girard, aux éditions Glénat. 128 pages. 22,00€.

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