« La question juive des modernes », de Bruno Karsenti

Dans La question juive des modernes : Philosophie de l’émancipation, Bruno Karsenti parle des Juifs dans la modernité, de leur assimilation et de l’antisémitisme.

Son point de vue est philosophique, il cherche à expliquer cette période récente à travers les écrits de différents auteurs et, à chaque fois, il les éclaire avec un autre regard. Il s’appuie par exemple sur le livre de Freud, L’homme Moïse et la religion monothéiste, pour expliquer une des analyses faite de la situation. En effet, l’un des soucis des Juifs à cette époque vient de ce que lorsque tous les citoyens furent reconnus égaux et que l’avenir semblait s’ouvrir radieux, l’antisémite devient de plus en plus prégnant.

En fait, Freud part d’une double identité du Peuple Juif qui se serait constitué après la mort de Moïse – assassiné toujours selon Freud -, et qui induirait une dualité originelle du peuple.

Il le replace face à l’identité allemande. Heinrich Heine permet d’aller au-delà. À la lumière de l’histoire de la nation allemande, de ses failles et de son unité avant tout linguistique et littéraire, il appréhende en effet un avenir d’une rare violence.

Citons également Léo Strauss et Franz Rosenzweig. L’originalité de ce dernier est que sa philosophie est marquée par le fait qu’il fut fort tenté par la conversion au christianisme, avant de se raviser lors de ce qui devait être un dernier office à la synagogue à l’occasion de Kippour. Cela devait être un adieu, ce fut un retour. Il avait conscience de ce qui l’attirait dans le christianisme, et de ce qui l’a retenu dans le judaïsme. Cette expérience transparaît dans ses écrits.

La question des modernes : Philosophie de l’émancipation tente d’éclairer l’agencement entre modernité, assimilation et antisémitisme. Pour se faire, l’auteur part des écrits et des pensées de ceux qui virent les portes des ghettos s’ouvrir, et alors qu’un avenir ensoleillé semblait possible, durent finalement affronter la tempête de l’antisémitisme, y réfléchir et tenter de la comprendre. Il interroge de nombreux penseurs Juifs dont le petit échantillon cité ici donne un avant-goût.

Sophie MASSON pour Cultures-J.com.

La question juive des modernes, de Bruno Karsenti aux éditions PUF. 370 pages. 20,00€.

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