« Le jardin d’Alphonse » : pugilat familial sur la scène du théâtre Michel

La lumière se fait sur un jardin agréable et bucolique : pelouse, arbre, hortensias, muret et portillon, et la façade d’une maison à l’ombre de laquelle se tiennent les neuf protagonistes.

Agréable et bucolique… en apparence seulement. Selon certains, ce jardin est empli de rumeurs et de souffrances.

Un à un, les personnages se dévoilent. Tous unis par des liens familiaux, chacun se retrouve ici aujourd’hui à l’occasion du décès du patriarche, Alphonse. A commencer par Jean-Claude, son fils, entouré de sa compagne et de ses trois enfants, dont la différence de caractère n’a d’égale que la rancune qu’ils se portent les uns les autres. Fabien, l’aîné, est financier, et en couple avec une charmante pin-up croqueuse de diamants, qui se trouve être aussi l’ex-petite amie de Serge, son frère cadet. Centurion au parc Astérix, Serge vit une existence bohème et marginale, loin de toute convenance. Et viennent enfin Zoé, la plus jeune sœur, en quête d’identité et clairement illuminée, et sa compagne Magali, tout aussi excentrique qu’elle. Sans oublier Daniel, calme et posé, et Suzanne, séfarade pur jus, qui forment un couple pour le moins détonnant.

Dans ses dernières volontés, Alphonse souhaite que les parts de sa maison soient réparties équitablement entre chacun de ses trois petits-enfants. Si là n’est pas le sujet essentiel des tensions qui vont se faire jour, la petite famille aux allures « proprettes » ne va pas tarder à se livrer à un règlement de compte en bonne et due forme, où révélations inattendues emboîtent le pas aux mensonges et aux vérités que ces réunions de famille rendent on ne peut plus propices.

Dès lors, l’innocent déjeuner se transforme en pugilat, et chaque mot prononcé est autant de prétexte pour déterrer de vieux fantômes, faire resurgir des histoires oubliées, histoires emplies de divorces, de séparations, de non-dits, mais aussi d’enfants qui ne sont pas ceux que l’on croit. Tout y passe, jusqu’à l’acquisition plutôt douteuse de cette maison, propriété des Rosenberg jusqu’à un jour de 1942…

Extrêmement drôle, porté par un texte fin et des répliques ciselées, Le jardin d’Alphonse, signé et mis en scène par Didier Caron, qui campe sur scène le personnage de Daniel, puise le cœur de son sujet dans ces réunions familiales au cours desquelles la moindre parole déplacée peut transformer un repas de famille en arène.

Le décor est agréable, le jeu d’acteur étudié, et la mise en scène ne laisse que peu de répit aux spectateurs. Une mention particulière pour les scène de colères de Gaëlle Lebert et de Sandrine Le Berre, incarnant respectivement Magali et Zoé, sans oublier l’excellente Karina Marimon, dont le besoin viscéral de s’exprimer n’a d’égal que son amour pour “papouche” et “mamouche”.

Un très agréable moment de théâtre.

Le jardin d’Alphonse, actuellement au théâtre Michel.

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