« Les Justes en Occitanie », l’hommage de Maurice Lugassy aux Résistants de la zone Sud

Dans le Sud de la France, entre le Rhône et la Garonne, l’Occitanie est depuis des siècles une région où se mêlent et s’entremêlent histoires, cultures et spiritualités multiples.

Elle fut aussi, souvent, un refuge pour les populations persécutées, fuyant expulsions ou nations en guerre. Terre d’accueil, ce refuge allait cependant se transformer en piège ; dans les années 30 et 40, l’Occitanie regroupe une trentaine de camps différents réservés aux prisonniers politiques, aux étrangers — dont ceux fuyant la Guerre d’Espagne notamment —, aux femmes, aux Juifs…

Parmi ces camps qui jalonnent le territoire, Rivesaltes et Gurs occupent une place particulière dans l’histoire de la Shoah : le premier, que Serge Klarsfeld surnomme « le Drancy de la zone libre », enverra plus de 1.700 juifs dans cette antichambre d’Auschwitz qu’est Drancy ; quant à Gurs, ce sera plus de 4.000 !

Il n’est donc pas étonnant que l’Occitanie occupe une position un peu « à part » au cours du tragique épisode de la Seconde Guerre mondiale, alors que les juifs de la zone occupée tentent par milliers de trouver l’hospitalité dans cette zone Sud, encore dite “zone libre”.

Comme un hommage, Maurice Lugassy, coordinateur régional au Mémorial de la Shoah, consacre aujourd’hui un ouvrage à ces hommes et à ces femmes, connus ou anonymes, qui ont choisi de ne pas perdre leur humanité, de défier les lois antisémites et de sauver des juifs au péril de leur vie. On les nomme « Justes Parmi les Nations ». Les Justes en Occitanie. Cette page de lumière dans la nuit de la Shoah nous emmène dans leur histoire…

Le reconnaissance de « Juste Parmi les Nations » a été créé en 1953 par Yad Vashem, le Mémorial de l’Holocauste à Jérusalem.

« La plus haute distinction civile décernée par l’État hébreu à des personnes non juives qui, au péril de leur vie, de celle de leur proche et sans demander de contrepartie, ont aidé des juifs persécutés par l’occupant nazi. »

Définition par Yad Vashem France.

Il faudra en revanche attendre 1962 pour que soient décernées les premières médailles à des Justes ; la première cérémonie regroupait à l’époque douze personnes, chiffre symbolique dans l’histoire juive.

Parmi eux, un certain… Oskar Schindler. Même s’il est évident qu’il sauva des centaines de Juifs durant le conflit — nous avons tous en tête l’inoubliable film de Steven Spielberg, La liste de Schindler —, Oskar Schindler s’est également enrichi grâce à eux. Un point discutable pour Yad Vashem, qui préféra repousser à l’année suivante la reconnaissance de l’État hébreu envers le Juste Schindler.

Les Justes en Occitanie revient dans un premier temps sur le terme biblique et talmudique du « Juste », ainsi que sur les précautions à prendre dans le cadre de son utilisation.

Il évoque surtout les nombreux réseaux de sauvetage et d’entraide que furent, pêle-mêle, le « réseau Garel », l’Armée Juive, les Éclaireurs Israélites de France ou encore l’OSE. Née à Saint-Pétersbourg, dans la Russie des Tsars, l’OSE s’implante à Berlin au lendemain de la Révolution russe, puis à Paris en 1933. Son président d’honneur n’était autre qu’Albert Einstein.

N’oublions pas non plus les refuges que représentèrent les maisons d’enfants — Moissac pour n’en citer qu’une —, ni le rôle de l’Église, souvent minimisé et sujet à controverse. L’abbé René de Naurois ou bien Monseigneur Saliège, l’archevêque de Toulouse qui créa le « réseau Saliège », et signa de la Lettre à la personne humaine, ne sont ici que deux exemples. Publiée en Suisse, à Londres et à New York, la diffusion de cette Lettre mit Vichy particulièrement mal à l’aise.

Incapable d’empêcher sa parution, et au risque de perdre son allié le plus important — les catholiques —, le régime de Pétain suspend les déportations. Près de quarante convois seront annulés en septembre et octobre 1942.

Une partie est enfin consacrée aux témoins et aux familles ayant bénéficié de ces protections, ainsi qu’à de nombreux entretiens qu’à eu Maurice Lugassy avec des personnalités telles que Daniel Raab, neveu du grand rabbin Kaplan, Patrick Cabanel, historien du protestantisme et auteur d’Histoire des Justes en France, Annie Beck, cachée au couvent Notre-Dame de Massip dans l’Aveyron…

En guise de conclusion, les dernières pages se referment sur l’impressionnante liste des « Justes en Occitanie ». Une liste qui valait bien un livre.

N’oublions pas !

Les Justes en Occitanie, de Maurice Lugassy, aux éditions Privat. 256 pages. 19,90€.

Si vous désirez aller plus loin :

Irena Sendlerowa, Juste parmi les nations, de Gilbert Sinouë, aux éditions Don Quichotte. 304 pages. 19,90€.
Histoires extraordinaires des Justes. Portraits de 30 héros Parmi les Nations, de Dominique Lormier, aux éditions Alisio. 208 pages. 19,90€.

Et pour la jeunesse :

Justes Parmi les Nations, ouvrage collectif aux éditions Plein Vent. 64 pages. 16,90€.

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