Les massacres de masse des Einsatzgruppen : une autre Shoah…

Après les chambres à gaz des camps de concentration nazis, les massacres de masse, plus communément appelés « Shoah par balles », ont été la méthode d’extermination la plus violente et la plus radicale durant la Seconde guerre mondiale.

Relativement méconnue jusqu’aux années 2000, la Shoah par balles, qui a d’une certaine manière ouvert la voie à l’extermination massive des Juifs d’Europe, était l’apanage des Einsatzgruppen, sorte de police militaire profondément antisémite, et toute dévolue au IIIème Reich et à son idéologie destructrice.

Avec l’invasion de la Pologne en septembre 1939, la région devient pour l’Allemagne nazie une sorte de « laboratoire » pour l’éradication des Juifs en Europe. En charge de réduire au silence – comprenez « assassiner » – les ennemis potentiels et opposants au régime nazi, Juifs et communistes en tête, les Einsatzgruppen perpétuent l’un de leurs premiers massacres de masse en novembre 1939 à Ostrow Mazowiecka, en Pologne, où ils assassinent 500 hommes, femmes et enfants juifs dans des fosses, à l’extérieur de la ville, puis en juin 1941 dans la ville de Garsden, à la frontière lituanienne, massacre durant lequel plus de 800 juifs seront exécutés, ainsi qu’une centaine de non-juifs qui avaient tentés de les aider.

Les Einsatzgruppen s’efforcent également de provoquer des pogroms afin d’imputer à la population locale les meurtres et exactions antisémites, diminuant ainsi leur responsabilité dans ces événements, et allégeant accessoirement leur « charge de travail ».

Les crimes d’Ostrow Mazowiecka et de Garsden allaient en annoncer bien d’autres partout en Europe, dont l’un des plus tristement célèbres, commis le jour même de Yom Kippour, se déroule au lieu-dit Babi-Yar, non loin de Kiev, aujourd’hui en Ukraine. Avec l’assassinat de plus de 33.000 juifs les 29 et 30 septembre 1941, Babi-Yar est le plus grand crime de masse perpétré par les Einsatzgruppen, qui choisissaient souvent des dates de fêtes religieuses juives afin de procéder à des persécutions et des massacres.

De 1939 à 1945, on estime à entre 1,5 et 2 millions le nombre de juifs assassinés par balles par les Einsatzgruppen et autres collaborateurs en Europe de l’Est.

Méconnus jusqu’en 2004, ces événements ont été exhumés par le Père Patrick Desbois, Directeur du Service national des évêques de France pour les relations avec le judaïsme qui, avec l’organisation Yahad in Unum, recherche des témoins oculaires des exécutions de Juifs et de Roms, et travaille également à identifier chacun des sites d’exécution de masse et fosses communes. Un travail de fourmi qui a permis d’effectuer des recherches sur plus de 2.000 sites d’exécutions et d’identifier cinq cents fosses communes jusqu’alors oubliées, mais aussi de rassembler plus de 5.000 témoignages, de l’Ukraine à la Biélorussie, en passant par la Russie, la Pologne, la Roumanie, la Moldavie, la Lituanie ou encore la Macédoine.

Si vous désirez aller plus loin :

Babi Yar, d’Anatole Kouznetov, aux éditions Robert Laffont. 456 pages. 21,50€.
Histoire de la Shoah, de Georges Bensoussan, aux édition PUF. 128 pages. 9,00€.
Atlas de la Shoah. La mise à mort des Juifs d’Europe. 1939-1945, de Georges Bensoussan, aux éditions Autrement. 96 pages. 19,90€.
Sur les traces de la Shoah par balles, de Père Patrick Desbois, aux éditions Flammarion. 325 pages. 9,00€

Et pour la jeunesse :

La Shoah, des origines aux récits des survivants, de Philip Steele, aux éditions Gallimard jeunesse. 96 pages. 19,95€.
Histoire de la Shoah : de la discrimination à l’extermination, de Clive A. Lawton, aux éditions Gallimard jeunesse. 8 pages. 14,00€.

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