« Shoah et bande dessinée », des bulles pour témoigner

Comme la littérature, le cinéma ou encore le théâtre, la bande dessinée – considérée aujourd’hui comme le 9ème art – a traité de la Shoah et ce, dès 1942 !

C’est notamment ce que le visiteur découvrira au Mémorial de la Shoah à Paris jusqu’au 30 octobre 2017 : en effet, une exposition exceptionnelle retrace 75 ans de représentation de la Shoah dans la bande dessinée (1942-2017), offrant aux visiteurs une approche différente de l’extermination des Juifs.

Si l’association Shoah-BD peut paraître de prime abord surprenante, Marie-Edith Agostini, commissaire générale de l’exposition explique : « La bande dessinée est un outil de sensibilisation pédagogique et mémoriel, il était donc logique que le Mémorial de la Shoah – le plus grand centre d’archives en Europe sur l’histoire de la Shoah – s’y intéresse. Le projet est né sur une idée de Didier Pasamonik, éditeur, journaliste spécialiste reconnu de la bande dessinée et commissaire scientifique d’expositions. »

Les témoins de cette page sombre de notre histoire collective disparaissant – hélas – au fil du temps, il est essentiel de penser à d’autres formes de transmission. La toute première bande dessinée évoquant la Shoah est signée Horst Rosenthal, Mickey au camp de Gurs : l’auteur la compose en 1942… avant d’être gazé à Auschwitz.

Suivront de nombreuses autres bandes dessinées mais on peut aisément parler d’un avant et d’un après Maus. Art Spiegelman a signé là, en 1986, une oeuvre exceptionnelle récompensée notamment par le Prix Pulitzer en 1992 et le Grand Prix d’Angoulême en 2011.

De jeunes auteurs, en Israël (Michel Kichka, Asaf Hanuka) mais aussi dans d’autres pays (John Coulthart, Fanny Michaëlis) se sont depuis emparés de la Shoah pour tenter de dire l’indicible à travers leurs illustrations et leurs textes.

Autour de cette exposition remarquable qui présente plus de 200 documents originaux, des visites guidées et rencontres (avec des journalistes et des historiens notamment) sont proposées par le Mémorial.

Un catalogue, réalisé sous la direction de Didier Pasamonik et Joël Kotek, permettra d’en garder une trace précieuse et pérenne.

Enfin, un site dédié à cette exposition a été créé pour préparer ou prolonger la visite : expo-bd.memorialdelashoah.org.

L’affiche a été réalisée par Enki Bilal, un grand nom de la bande dessinée, qui précise : « Chacun est libre d’interpréter ce dessin. Il y est question de libération, d’indestructibilité, d’éternité… Mais les mots sont faibles dans certains domaines. »

La Shoah en bande dessinée, au Mémorial de la Shoah jusqu’au 30 octobre 2017.

Patricia DRAI pour Cultures-J.com.

Shoah et bande dessinée : L’image au service de la mémoire, l’album de l’exposition, aux éditions Denoël. 168 pages. 29,90€.

Si vous désirez aller plus loin :

Shoah et bande dessinée, de Jonathan Audot, aux éditions L’Harmattan. 304 pages. 31,00€.
Rescapés de la Shoah, de Zane Whittingham et Ryan Jones, aux éditions Flammarion. 96 pages. 15,00€.
Maus, d’Art Spiegelman. Bande dessinée et Shoah, de Pierre Alban Delannoy, aux éditions L’Harmattan. 190 pages. 18,00€.
Maus : L’intégrale, de Art Spiegelman, aux éditions Flammarion. 295 pages. 30,00€.
Auschwitz, de Pascal Croci, aux éditions EP Média. 88 pages. 16,00€.

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