« Warhol Women », une bien discrète exposition à la galerie Lévy Gorvy

Consacrée aux plus célèbres portraits du maître du courant Pop Art Andy Warhol, l’exposition Warhol Women, actuellement à la galerie Lévy Gorvy de Madison Avenue, fait l’objet d’une communication pour le moins discrète en dépit de son très grand intérêt.

Présentés sur trois niveaux, ce sont des dizaines de portraits qui s’offrent au public. Provenant de milieux aussi nombreux que variés – musique, cinéma, politique, sport, mode, littérature ou encore histoire de l’art -, Warhol Women plonge le visiteur dans une galerie de portraits de célébrités et un feu d’artifice de couleurs dont le style est immédiatement reconnaissable.

Warhol aimait les « people » et ne s’en cachait pas. Il les a encensé et immortalisé comme aucun autre artiste auparavant. De 1961 jusqu’à sa mort en février 1987, il a réalisé plus de 10.000 toiles dont un nombre considérable de portraits, de Mona Lisa – le tableau le plus connu mais aussi la plus décliné au monde -, jusqu’à Mao, en passant par Lénine ou Elvis Presley.

Mais celle qui restera à jamais son « ultime » célébrité sera définitivement Marilyn Monroe, que Warhol a contribué, par ses toiles, à hisser au rang d’icône immortelle. Marilyn sera la première personnalité pour laquelle Andy Warhol va utiliser la technique de la sérigraphie, qui va lui permettre de produire de manière illimitée et déclinable à l’infini ou presque. Les deux Marilyn actuellement exposées au rez-de-chaussée de la galerie, Mint Marilyn et Licorice Marilyn, ont toutes les deux été réalisées à partir de l’une de ses plus célèbres photographies, utilisée en 1953 dans le cadre de la promotion du film Niagara, d’Henry Hataway.

Au côté de l’icône hollywoodienne, sa plus grande rivale de l’époque : Elizabeth Taylor. A l’instar de Marilyn, Liz Taylor représentera également pour Warhol une inépuisable source d’inspiration, à qui il consacrera cinq séries. Une complicité entre l’actrice et l’artiste qui sera fidèle et sans faille durant des années, Warhol trouvant en Liz Taylor l’une de ses principales muses, tandis que dans le même Taylor menait son combat pour les droits des LGBT et contre le sida. Andy Warhol peindra Liz Taylor pour la toute première fois en 1963, à une période où l’actrice était très malade en raison d’une pneumonie. Ce portrait restera l’un des plus connus, lui aussi tiré d’une photographie promotionnelle pour le film La Vénus au vison. Deux portraits sont présentés dans les salles de la galerie, Silver Liz, composé de deux panneaux au fond argenté, ainsi que Double Liz Cleopatra, une autre série inspirée du film Cléopâtre, l’un des plus grands (et des plus coûteux) long-métrages jamais réalisés, et pour lequel Liz Taylor fut la première actrice américaine à toucher un cachet d’un million de dollars.

« Andy aimait les femmes et la féminité, et les femmes qu’il aimait le plus étaient Marilyn, Jackie et Liz. »

Jerry Saltz

Jackie, c’est Jackie Kennedy, veuve du président assassiné à Dallas en novembre 1963. Les portraits qu’il réalisa d’elle à partir de 1964 – année où il s’installe dans son célèbre atelier, « The Factory » -, furent parmi les premiers de personnalités issues du monde politique, avant d’autres tels Ronald Reagan, la reine Elisabeth II, Mao ou encore Jimmy Carter. Warhol va réaliser de Jackie Kennedy quelques 300 toiles, tirées de huit portraits différents de Life Magazine et d’autres journaux. Deux d’entre eux seront des photographies prises à Dallas lors de l’arrivée du couple présidentiel, deux autres le même jour, mais quelques heures après l‘assassinat de John Fitzgerald Kennedy, et quatre autres trois jours plus tard.

Monde politique toujours avec la « Dame de Fer » israélienne, Golda Meir. En 1980, Warhol commence à travailler sur une nouvelle série intitulée 10 portraits de Juifs du 20ème siècle, série réalisée sur les conseils de son marchand, Ronald Feldman. Avec Susan Morgenstein, directrice du Centre Communautaire Juif de Washington, Ronald Feldman va établir une liste de dix Juifs provenant de divers domaines, et demander à Warhol d’en réaliser les portraits : Franz Kafka et la collectionneuse d’art Gertrude Stein pour la littérature, Martin Buber pour la philosophie, Louis Brandeis pour le droit – il fut le premier juge Juif de la Cour Suprême -, Sigmund Freud pour la médecine, Albert Einstein pour les sciences, George Gershwin pour la musique, les Marx Brothers pour le cinéma, Sarah Bernhardt pour le théâtre, et enfin Golda Meir pour la politique.

L’année de leur création, certains de ces portraits seront exposés au Jewish Museum de la 5ème Avenue. Si elle est aujourd’hui populaire et reconnue, et fait partie intégrante de l’oeuvre d’Andy Warhol, l’accueil qui lui fut réservé à l’époque fut plus que mitigé, accusant l’artiste de ne faire que du commerce tout en ignorant ce que chacune des personnalités représentait.

Ce sont donc une soixantaine d’oeuvres qui sont actuellement accrochées à la galerie Lévy Gorvy, dont une quarantaine de portraits d’Aretha Franklin, Liza Minnelli, Farah Diba Pahlavi, Dolly Parton, Debbie Harry, Brigitte Bardot ou encore Judy Garland pour n’en citer que quelques uns, des photographies de Warhol signées Christopher Makos sur lesquelles l’artiste apparaît en travesti, en robe et perruque, et une salle de projection dans laquelle le visiteur pourra découvrir, ou redécouvrir,  Screen Test, le film en 16mm que Warhol réalisa entre 1964 et 1966.

Une très belle exposition qui met en lumière la passion qu’Andy Warhol vouait aux femmes. Une passion qui faillit cependant lui coûter la vie lorsqu’en 1968, Valérie Solanas, une auteur et activiste féministe radicale, lui tire dessus à trois reprises, l’accusant de faire des femmes des objets sexuels. Grièvement blessé, cet événement aura un impact profond sur son travail, et il vivra durant des années dans la peur que Solanas, libérée de prison, ne s’attaque de nouveau à lui.

Warhol Women, jusqu’au 15 janvier à la galerie Lévy Gorvy.

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Si vous désirez aller plus loin :

Andy Warhol, de Mériam Korichi, aux éditions Folio. 336 pages. 8,40€.
Ma philosophie de A à B et vice-versa, de Andy Warhol aux éditions Flammarion. 217 pages. 18,50€.
Entretiens 1962-1987, de Andy Warhol Grasset et Fasquelle. 405 pages. 22,50€.
Andy Warhol, de Joseph D. Kettner, aux éditions Phaidon. 145 pages. 19,95€.
Andy Warhol. Polaroids, 1958-1987, de Reuel Golden, aux éditions Taschen. 560 pages. 75,00€.

Et pour la jeunesse :

Andy Warhol. Revue Dada N°204, de Christian Nobial et Antoine Ullmann, aux éditions Arola. 50 pages. 7,90€.
A la recherche de Andy Warhol, de Andrew Rae et Catherine Ingram, aux éditions du Centre Georges Pompidou. 32 pages. 12,50€.
Au pays de Andy Warhol, de Sylvie Girardet et Nestor Salas, aux éditions RMN. 41 pages. 11,00€.

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