« Istanbul la sépharade », le nouveau roman d’Esther Benbassa

Istanbul, la Sépharade est un très beau livre sur les Juifs de cette ville.

istanbul la sepharade esther benbassaEn 1492, suite à leur expulsion d’Espagne, des Juifs sépharades arrivèrent à Istanbul avec leurs coutumes. Elles devinrent la norme du monde juif vivant là-bas. Esther Benbassa raconte leur histoire et montre leur manière de vivre. Elle évoque les différentes fêtes religieuses, des événements sont partagés.

L’ensemble est illustré de photos de lieux, de gens, d’objets. Par exemple s’y trouvent des images des différentes synagogue, pas forcément sépharades du reste, et aussi des différents cimetières et des tombes spécifiques qui s’y trouvent. A chaque fois le texte permet de mieux connaître la communauté correspondante et son évolution. Le récit est intéressant, les photos émouvantes.

Il y a des clins d’œil réguliers entre l’Occident et l’Orient. Istanbul, après l’Europe, découvre les lumières et entre dans la modernité malgré l’opposition des leaders traditionalistes. Il s’avère de plus que, suite à des avantages donnés aux français par l’empire ottoman, des liens entre les Juifs de cet empire et la France apparaissent. C’est fort bien illustré  dans le chapitre Personnalités juives par l’histoire de la famille Camondo.

Istanbul la sépharade présente aussi la réponse des Juifs stambouliotes au sionisme. Celle-ci est hésitante. D’un côté il y a un désir de ne pas se mettre le sultan à dos, de l’autre, quand les relations se dégradent, le désir d’avoir un lieu de refuge est grand. La xénophobie – d’où découle un fort antisémitisme – de la jeune république turque lors de la Seconde guerre mondiale et leurs conséquences changent en effet les perspectives. La Turquie officiellement neutre durant la Shoah montre une certaine ambiguïté dans ses réactions. D’un côté elle accueille des membres de l’élite juive européenne dans les années 30, de l’autre elle a une grande responsabilité dans la tragédie du Strouma.

Au delà de l’intérêt de la lecture, s’ajoute le plaisir des yeux devant ces photos qui se regarde et se re-regarde sans lassitude.

Sophie MASSON pour Cultures-J.com.

Istanbul la Sépharade, d’Esther Benbassa, aux éditions du CNRS. 224 pages. 29,00€.

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