1948. Accusé de haute trahison par la justice française pour sa collaboration avec les nazis, Louis-Ferdinand Céline s’est exilé au Danemark où il est emprisonné plus d’un an et demi.
Il vit modestement avec sa femme Lucette, ancienne danseuse étoile, dans une petite maison de la campagne danoise.
Milton Hindus, jeune universitaire Juif américain, est fasciné par Céline qu’il considère comme un génie. Il le soutient avec ferveur, faisant signer à de grands noms de la littérature américaine, comme Henry Miller, une pétition pour que Céline ne soit pas extradé vers la France. Il entretient une correspondance pleine d’enthousiasme et d’admiration avec son maître qui le flatte, et l’invite chez lui pour en faire « son avocat ». Une chance inespérée pour Céline que ce jeune Juif pour le défendre.
Hindus, lui, rêve de gloire. C’est avec plaisir qu’il accepte cette invitation, avec l’intention de tirer de leur rencontre un livre de souvenirs. Une opportunité de lancer sa carrière d’écrivain.
Lucette, amoureuse de Céline, soutient son époux du mieux qu’elle peut. Elle maîtrise parfaitement ses paroles, à l’opposé de son mari qui lui, fait preuve de spontanéité et de franc-parlé. Céline est excessif, provocateur, manipulé par ses pulsions, parfois même vulgaire, faisant preuve de sadisme. Consciente qu’il doit tenir sa langue et ne pas dire n’importe quoi, elle arrondit les angles, et modère ses propos.
Mais la confrontation entre l’auteur de Voyage au bout de la nuit et le jeune futur écrivain s’annonce inévitable. Céline, vite agacé par son nouvel ami, dérape rapidement dans ses propos, se montre odieux, incapable de contenir son antisémitisme malgré tout l’enjeu.
C’est la première fois que le cinéma français aborde Céline, cet écrivain provocateur. Pour son cinquième long-métrage, Emmanuel Bourdieu s’est inspiré du livre de Milton Hindus L. F. Céline tel que je l’ai vu. « Le projet de ce film vient du producteur Jacques Kirsner, de même que mon précédent film Edouard Drumont, un écrivain raté pour qui la haine des Juifs était un exutoire » dit-il.
Pour incarner le personnage complexe de Céline, il fait appel à Denis Lavant. Avec plus d’une cinquantaine de films à son actif, et autant de pièces de théâtre, Denis Lavant est un comédien au talent confirmé. Il est remarquable et captivant dans son interprétation. Il donne la réplique à Géraldine Pailhas qui n’est pas moins méritante dans le rôle de Lucette, vraiment impressionnante.
Un film fascinant à découvrir à partir du 9 Mars 2016 !
Jean-Yves DEVENDEVILLE pour Cultures-J.com.
Louis-Ferdinand Céline, d’Emmanuel Bourdieu. En salle le 9 mars 2016.
Si vous désirez aller plus loin :
– Voyage au bout de la nuit
– Céline : Romans (tome I)
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