Bruno Abraham-Kremer : « Parle, envole toi ! » ou comment être acteur de sa vie

C’est à une véritable saga initiatique au cœur de l’intimité à laquelle nous convie Bruno Abraham-Kremer à l’occasion d’une visite à l’hôpital, pour voir son père dans le coma.

Ce sera le prétexte de parler de lui-même comme il ne l’a jamais fait, de raconter ses rêves, ses passions, ses choix de vie, la nécessité originelle de jouer, toujours reprouvée par ses parents qui le croient étudiant en Droit à Nice.

À l’instar du Rabbi Nahman de Braslav qui disait « Parle ! envole toi, tes mots sont  tes ailes« , Bruno Abraham-Kremer — qui a ajouté le prénom Abraham — fait défiler ses aventures de jeunesse avec comme seul décor un banc, dans un espace vide mais habité par ses compagnons de vie, ses parents, les grands hommes de théâtre, ses professeurs…

Lui qui a toujours interprété les personnages d’un auteur qui lui confiait ses récits (Eric-Emmanuel Schmitt, Serge Kribus, Jean Gabriel  Nordman…), ou qui a crée des adaptations de correspondance — Vladimir Jankélévitch, Romain Gary, Anton Tchekhov, Antonin Artaud, Nicolas de Staël —, un nouveau défi s’impose :  se raconter lui-même sans se cacher derrière un personnage.

Il passe habillement du récit au jeu et devient le personnage de l’histoire qu’il est en train de nous raconter.

Comment ces rencontres fortuites, ces coups de cœur ou ces coups de gueule vont déterminer un destin et sauver une vie par le théâtre ? Jouer devient pour lui un chemin vers la liberté.

Le petit Bruno esseulé, écartelé entre des parents dans la tourmente, est livré très jeune à lui-même ; mais c’est compter sans son imagination et son inventivité pour se nourrir l’esprit par des jeux de rôle spectaculaires. Très tôt confronté à la vie, il fréquente des bars mais aussi plus tard les bancs de la faculté de Droit à Nice, se heurte à des corses féroces, s’essaye au théâtre de rue, suit des cours zen d’ancrage au sol avec un professeur chinois, rencontre une bande de jeunes comédiens qui le poussent dans la voie du théâtre, devenu sa raison de vivre.

Il sera très vite remarqué par les grands du théâtre, lui qui admire tant Peter Brook, le maitre !

Il convoque sa professeure de lettres qui lui a fait découvrir l‘enchantement de la Cartoucherie de Vincennes et sa prêtresse, Ariane Mnouchkine, et un peu à la manière de Philippe Caubère, son modèle, il retrace l’itinéraire mouvementé d’un enfant dans la tourmente mais habité d’une rage de vivre et d’une joie malicieuse.

Partant à la découverte de texte porteurs, il rendra visible l’invisible avec sa compagnie de théâtre en créant la « trilogie de l’invisible » : le Golem, Milarepa et Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran, d’Éric-Emmanuel Schmitt.

Mis en scène par Corinne Juresco et lui même, ce spectacle nous enchante, nous fait rêver et nous entraine dans un voyage de l’intime qui rejoint l’universel.

Parle, envole toi ! actuellement au théâtre du Lucernaire.

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