« Chained » et « Beloved », un diptyque amoureux signé Yaron Shani

Se présentant sous forme de diptyque, Chained et Beloved, les deux films du réalisateur israélien Yaron Shani, sortent en salle les mercredis 8 et 15 juillet prochains. Deux volets d’une même histoire vécue différemment par un couple à la dérive…

Rashi Malka est policier à Tel Aviv. Consciencieux et consacrant sa vie au maintien de l’ordre, son quotidien oscille entre suicides, drogues et violences urbaines. Marié à Avigail, aide-soignante dans un EHPAD et avec qui il tente d’avoir un enfant depuis deux ans, il doit aussi s’occuper de la fille de cette dernière, Yasmin, treize ans, en pleine crise d’adolescence et qui ne rêve que de mannequinat. Si Avigail n’a jamais fait preuve de fermeté envers elle, de peur de la voir s’éloigner, Rashi quant à lui, autoritaire, entend bien élever la jeune fille dans le respect de certaines règles. Une relation beau-père/belle-fille compliquée, empreinte de provocation et de défiance.

Lors d’un banal contrôle de jeunes soupçonnés de trafic de drogue, la vie de Rashi va soudainement prendre un tournure inhabituelle, et inévitablement basculer. Accusé d’agression sexuelle sur l’un des garçons – dont le père est haut placé dans les services secrets israéliens -, il va être mis à pied, et son domicile réquisitionné. Assigné à résidence, l’affaire va s’étaler dans les pages des journaux. Et pour ne rien arranger, Avigail, lasse des disputes entre sa fille et son époux, décide de prendre le large pendant quelques jours pour se réfugier dans le Nord, avec des amies.

Seul et livré à lui-même, harcelé, les événements vont se précipiter pour Rashi, et marquer le point de départ d’une descente aux enfers dont l’issue pourrait se révéler aussi incertaine que dramatique.

Dix ans après Ajami, nommé aux Oscar et couronné par cinq Ophirs, Yaron Shani revient donc sur le devant de la scène avec deux nouveaux longs-métrages, Chained et Beloved. Deux films qui sonnent comme autant d’odes à l’amour et à la maternité.

« J’ai commencé à ressentir un besoin de travailler avec ces émotions et ces idées. Je me suis rendu compte que je devais faire un film qui serait un acte d’amour à tous les enfants et parents du monde – un regard honnête sur qui nous sommes, et sur combien de souffrances nous nous infligeons à nous-mêmes et aux autres, mais aussi à quel point la vie est une belle chose. Les films sont trop souvent de simples divertissements (émotionnels et intellectuels) mais ils peuvent aussi être thérapeutiques. Ils peuvent ouvrir nos blessures cachées et nous obliger à faire face au changement. »

Yaron Shani.

Et comme si cela ne suffisait pas, pour donner encore plus d’authenticité à son film et à ses protagonistes, le réalisateur est allé jusqu’à recruter des comédiens dont la vie personnelle fait étroitement écho avec celle des personnages qu’ils incarnent à l’écran. Réellement confrontés aux événements évoqués, il en sort un jeu d’acteur époustouflant, empli de souvenirs et de vécu, et qui transperce l’écran.

Durant une année, Yaron Shani a laissé libre-court aux acteurs et à leur interprétation, ne se contentant que de leur donner le fil-conducteur de l’intrigue. Eran Naïm, déjà vu dans Ajami, et Stav Algamor ne jouent pas : ils SONT !

« Qu’est-ce que ça veut dire d’être un policier dans la vie réelle ? Quel genre de personne choisit de consacrer sa vie à cette vocation dangereuse ? Comment leur personnalité affecte-t-elle leur travail et le travail affecte-t-il leur vie familiale ? Qu’est-ce que cela signifie de perdre votre statut de puissant gardien de la paix ? Qu’est-ce qu’être un homme ? Eran Naim, l’acteur principal, en sait davantage que moi sur le sujet. »

Yaron Shani.

Dramatiques, Chained, masculin et brutal, et Beloved, féminin et gracieux, semblent pourtant terriblement familiers. Un fait divers, un faux-témoignage : la machine à détruire est lancée.

La premier volet, Chained, sera projeté en avant-première au Majestic Passy le mardi 7 juillet (informations et réservations).

Chained et Beloved, de Yaron Shani, en salle les 8 et 15 juillet.

Si vous désirez aller plus loin :

Ajami, de Yaron Shani. DVD. 118 minutes.
Le nouveau cinéma israélien, d’Ariel Schweitzer, aux éditions Yellow Now. 173 pages. 15,00€.
Dictionnaire du cinéma israélien. Reflets insolites d’une société, d’Hélène Schoumaen et Jérôme Clément, aux éditions Cosmopole. 235 pages. 36,00€.

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