« Fausse note » sans fausse note sur la scène du théâtre Michel…

Philharmonie de Genève, Suisse, fin des années 80. L’illustre chef d’orchestre Hans Peter Miller, pressenti pour diriger le Philharmonique de Berlin, regagne sa loge après une représentation triomphale. Quelques instants plus tard, il est rejoint par Léon Dinkel, un admirateur qui ne tarit pas d’éloges à son sujet.

Employé au centre archéologique de Liège, amateur de violon et de musique classique, l’homme est venu seul, son épouse Annah étant retenue par ses obligations professionnelles. Quelques mots échangés, un autographe signé, et c’est visiblement satisfait que Léon Dinkel quitte la loge… pour y revenir après quelques secondes seulement. Cette fois-ci, il tient absolument à faire une photo avec Hans Miller. C’est pour sa femme, vous comprenez ? Comme elle n’a pas pu se libérer… Puis après la photographie, une autre requête est adressée à Hans Miller, de plus en plus agacé. Puis une autre encore…

Au fil de la conversation, qui semble devenir de moins en moins banale au fur et à mesure que l’on s’éloigne d’une simple rencontre admirateur-maître, le chef d’orchestre s’inquiète, s’emporte. Comment se fait-il que cet illustre inconnu sache tant de choses à propos de sa vie privée, de sa femme, de ses enfants même ?

Bientôt le ton change, la pression s’installe, l’atmosphère devient pesante.

Oppressant et porté par Tom Novembre et Christophe Malavoy, deux comédiens exceptionnels habités par leurs personnages, c’est à un rendez-vous fort et puissant auquel nous convie actuellement le théâtre Michel.

Fausse note, le nom de la pièce, renvoie bien entendu à l’univers musical, à celui de Mozart et des grands airs du classique dans lequel évoluent les deux protagonistes, mais questionne surtout sur le libre arbitre, sur le poids du passé laissé par nos pères, et sur le fait de savoir que faire d’un héritage parfois lourd à porter.

Quant aux décors et à la mis en scène, bien que minimalistes, ils sont emplis de sens, du tapis rouge qui renvoie à l’univers feutré d’Hans Miller, en passant par le bâti de porte ou le cube de bois, tour à tour promontoire du chef d’orchestre, coiffeuse et mini-bar, puis bureau flanqué de mots en langue allemande… Au fur et à mesure que le récit avance et nous plonge dans une « autre histoire », le décor lui aussi évolue, emportant avec lui la sécurité et le confort des premières minutes.

Excellent, et sans fausse note !

Fausse note, au théâtre Michel.

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