« Il est interdit de vieillir » : Henri Gruvman sur les planches de l’Épée de Bois

Il est interdit de vieillir :  on n’est pas sérieux quand on a soixante dix-huit ans !

 Le dernier spectacle de Henri Gruvman, comédien, auteur de pièces dramatiques et réalisateur de courts métrages, s’inscrit dans une forme de jeu originale et créatif liant théâtre et cinéma, rêve et réalité, tragédie et comédie.

Attiré par une interprétation poétique et burlesque à la fois, il présente actuellement un nouveau spectacle solo, Il est interdit de vieillir, sorte de cheminement d’un vieil acteur à travers ses créations, ses rencontres et ses rêves.

La problématique du vieillissement est le thème principal de ce spectacle avec comme bannière la curieuse injonction d’un grand sage juif, Rabbi Nachman de Braslav : « Il est interdit d’être vieux ! « 

Que veut-il dire ? L’abandon des rêves ? Le rétrécissement des désirs ? Un corps défait qui entraîne la défaite de la pensée, le dépérissement de l’imaginaire ? La résignation, le ressassement obsessionnel de ce qui n’est plus, le corps défait qui entrainerait l’engourdissement de la pensée, l’assignation à un rôle : celui du vieux qui devrait rester à sa place.

Mais alors, quelle est sa place dans la société actuelle ? Considérer qu’on n’a plus rien à apprendre, que ce n’est plus de notre âge ? Se refuser à faire des déclarations, d’amour ? Se méfier comme de la peste de l’imprévu ? Fuir les jeunes et la nouveauté ?

L’impératif premier est de lutter contre ce qui enferme, nous conditionne. Contre l’habitude des choses qui nous menace de plus en plus avec l’âge. D’ailleurs le vieux ne menace pas seulement les vieux ! Le vieux existe aussi dans les formes admises, les ficelles employées, les tics, les a priori, les préjugés, les habitudes. En un mot : la routine.

Comment y échapper ?

Le spectacle devra donner l’impression qu’il se crée en même temps qu’il se déroule ; il devra surprendre, interroger, dérouter aussi ; mais toujours, avec à la barre, la sincérité et une tentative de regard neuf sur les choses, sur les êtres, sur la société et aussi sur la vieillesse elle même. L’instant présent peut alors s’évanouir. On ne perçoit plus sa nouveauté et ceci au profit de la répétition de ce qu’on connaît. La vie s’en va doucement et le vivant se laisse bouffer par la répétition des choses ou par la nostalgie de ce qui n’est plus. […] une pièce qui bouscule l’idée du vieillissement et invite le spectateur à un voyage entre théâtre et cinéma, à revoir sa vie à l’aune de sa créativité et de son imagination.

Henri Gruvman.

Là, il rompt avec une certaine forme théâtrale sans paroles pour se lancer dans une invention verbale avec des images et la langue, s’inspirant de personnages rencontrés, de grands auteurs mais aussi des écrits de son père, dont il cite certains passages. Ce qui l’inspire surtout est la forme burlesque et poétique, et les personnages mythiques et à travers eux ; il nous parle de tous les aspects possibles de la vieillesse.

La mise en scène, toujours ingénieuse entre vidéo et théâtre, sert parfaitement ces propos et cette analyse profonde des troisième et quatrième âges d’une façon ludique et  joyeuse.

À voir à tout âge.

Il est interdit de vieillir, de et avec Henri Gruvman, actuellement au théâtre de l’Épée de Bois.

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