« J’aime Valentine mais bon… », sur les planches du nouveau théâtre Lepic

Après les attentats de 2015 en France, ne se sentant plus en sécurité en tant que Juif, mais ne sachant surtout que faire de sa vie, Idal décide de partir à la conquête du Nouveau Monde et de vivre son American dream.

Arrivé dans la Grosse Pomme, il décroche un entretien d’embauche auprès de Marc, un français expatrié et petit ami de Valentine, une ancienne camarade de classe qu’Idal n’a jamais pu supporter, mais qui devient pour l’occasion sa meilleure amie. Seul hic, même en travaillant auprès de la communauté française, la pratique de l’anglais au pays de l’Oncle Sam s’avère quelque peu nécessaire.

Finalement, comme tout ce qu’il entreprend, cette expérience ne sera pas couronnée de succès, et il rentre à Paris, rapidement suivi par Valentine qui, séparée de Marc qui a fait faillite, s’installe avec Idal. En tout bien tout honneur bien sûr. Dans les premiers temps du moins…

Au cours de cette cohabitation improbable, chacun d’eux apprends à se connaître. Tandis que Valentine se confie sans pudeur sur ses conquêtes du moment et s’engage dans une nouvelle cause toutes les dix minutes, Idal, lui, se livre sur sa famille, sur sa mère séfarade disparue alors qu’il avait 13 ans – ce qui ne manque pas de tirer les larmes à Valentine à chaque fois qu’il l’évoque -, ou encore sur son père ashkénaze dont le mets favori était… la choucroute. Mais quand elle ne sait à quelle bonne oeuvre se vouer, lui, qui commence des phrases qu’il ne sait comment il va finir, ignore vers quel engagement se tourner.

Et puis, à quoi bon, il n’est pas si engagé que ça après tout. Il a déjà la flemme de changer ses draps, alors un engagement…

Et un jour, comme ça, au détour d’une conversation sur les pieds de Valentine et feu le prépuce d’Idal, ils vont se rapprocher. Mais voilà que Marc, l’ex de Valentine, débarque lui aussi à Paris, et accessoirement dans la vie du couple…

Après le succès des Malheurs de Rudy, joué dans de nombreuses salles parisiennes, et une présence très remarquée dans Mes parents sont des enfants comme les autres, Rudy Milstein revient avec cette nouvelle pièce d’une rare qualité, à la fois du point de vue de la mise en scène, signée Mikael Chirinian, que par l’aspect narratif qui ne cesse de la ponctuer.

Très cinématographique, J’aime Valentine mais bon… semble littéralement plonger les spectateurs dans un film de Woody Allen. Innovante et bancale, à l’image du mobilier et de l’esprit torturé d’Idal, et ponctuée de monologues cadencés et extrêmement drôles, cette petite merveille d’écriture fait la part belle à la peur de s’engager, aux doutes, au poids de l’héritage familial, à la religion, aux traditions et aux préjugés…

Cerise sur le gâteau : la salle qui accueille cette très bonne pièce, le théâtre Lepic, anciennement Théâtre du Tertre puis Ciné 13 Théâtre, est installé sur la butte Montmartre, à seulement quelques pas du Moulin de la Galette.

Reconstruit et magnifiquement décoré dans le style années 20 par Claude Lelouch, qui y campe en 1983 des scènes de son film Edith et Marcel, il servira par la suite de salle de projection où le réalisateur diffusera en avant-première ses propres longs-métrages.

Aujourd’hui dirigé par sa fille Salomé, le théâtre Lepic a réouvert ses portes ce 13 décembre 2018 avec J’aime Valentine mais bon, que la nouvelle directrice a découvert à Avignon, et qu’elle a absolument voulu monter dans son théâtre pour la première saison de sa réouverture.

Un excellent moment de théâtre, à découvrir sans plus tarder.

J’aime Valentine mais bon, actuellement au théâtre Lepic.

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