« One More Jump » : quand la jeunesse de Gaza trouve force et espoir dans le sport…

Dans la bande de Gaza, aux mains du Hamas depuis 2005, la seule richesse des habitants est le rêve. Le rêve d’une vie meilleure, loin de cet enfer dans lequel l’organisation terroriste les enferme, et les utilise à des fins propagandistes visant à saper l’image internationale de l’État d’Israël.

Si une partie de la jeunesse adhère à ce combat aussi dangereux qu’inutile, d’autres en revanche trouvent dans le sport un échappatoire salvateur. C’est le cas de Jehad et de ses « élèves », membres du Gaza Parkour.

Sport acrobatique né en région parisienne, le parkour vise à franchir des obstacles urbains ou naturels à la seule force des mains et des pieds. Mais loin des cités de banlieue ou des terrains spécialement aménagés, c’est au milieu des ruines de Khan Younès que le Gaza Parkour s’entraîne ; ces ruines laissées par quinze années de bombardements en réponse aux milliers de roquettes et de ballons incendiaires envoyés sur les villes israéliennes.

Si aujourd’hui c’est Jehad qui transmet la passion de ce sport impressionnant et risqué, le jeune garçon n’a fait que reprendre le flambeau laissé par Abdallah, fondateur du Gaza Parkour. La raison ? Abdallah se trouve à présent à 3.000 kilomètres, à Florence, en Toscane.

Comme pour toute la jeunesse de la bande de Gaza, partir était un rêve. Un rêve aussi inaccessible que cette ligne d’horizon que l’on observe avec envie et dépit, et au bout de laquelle se trouve une Europe lointaine et fantasmée.

Depuis qu’Abdallah a décidé de partir seul, Jehad et lui ne se parlent plus. Ils visionnent sur les réseaux sociaux leurs vidéos respectives, mais là s’arrête désormais leur relation. Les choses auraient dû se passer autrement. Jehad ne devait pas rester seul à Gaza, ce n’était pas ce qui était prévu. Ils devaient partir ensemble. Ce départ, il le prend comme un abandon et une trahison impardonnable.

Mais si en Italie Abdallah est confronté à une autre vie, ce n’est certes pas celle à laquelle il s’attendait. Loin de là même… Étranger à Gaza, il l’est également en Italie. Il peine à trouver un travail, il loge dans une maison abandonnée, et poursuit tant bien que mal son entraînement entre quais de gare déserts et tunnels tagués. Jusqu’au jour où la perspective d’une compétition internationale se présente.

Mais se confronter aux meilleurs « traceurs » comme on les appelle, ce n’est pas tout à fait la même chose que bondir de piliers en linteaux au milieu de ruines à Gaza.

Reflet d’une vie quotidienne remplie d’espoirs, de solidarité et de transmission — celle de la passion du sport —, One More Jump est le second long-métrage du réalisateur italien Emanuele Gerosa.

Avec des scènes aux allures de documentaire, il met en lumière de manière presque poétique une jeunesse gazaouie sans haine, loin des images véhiculées par les médias occidentaux.

Certes, Emanuele Gerosa n’omet pas d’intégrer le conflit et les difficultés de cette région sous tension — coupures d’électricité, bombardements, manque de soins et de médicaments, propagande terroriste du Hamas, accords dont on ne voit jamais le résultat, rassemblements du vendredi le long de la frontière avec Israël… —, mais tout en les intégrant intelligemment dans l’histoire comme un élément du quotidien, sans pour autant en faire un sujet à part entière.

Ici, les protagonistes ne sont pas de jeunes révoltés endoctrinés, mais de simples garçons qui s’évadent dans la pratique du sport, et l’espoir d’une vie meilleure.

Présenté pour la première fois en octobre 2019 au Festival du Film de Rome, One More Jump a déjà été sélectionné et primé dans une dizaine de festivals en Europe.

One More Jump, d’Emanuele Gerosa, en salle à partir du 8 septembre 2021.

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