« Une place à table », le nouveau roman de Joshua Halberstam

Tout en possédant sa personnalité propre, Une place à table, de Joshua Halberstam, se trouve dans la lignée des romans de Chaim Potok sur le monde hassidique new-yorkais.

Elisha, un jeune hassid héritier d’une lignée renommée, se bat entre traditions et désirs, religion et raison. Au début du roman, ses relations familiales sont bonnes, il est brillant dans l’étude talmudique mais veut aller à l’université dans un autre quartier. Tout se passe sans soucis jusqu’à ce qu’il décide de couper ses « payès ». Il lui faudra cependant de plus en plus apprendre à gérer la tension entre les deux mondes. Cela ne se fait ni sans souffrance, ni sans cassure.

Elisha étudie l’anthropologie, fréquente toutes sortes de gens, se laisser interpeller par des idées différentes. Il découvre les auteurs classiques profanes, le jazz, les restaurants non cashers, et surtout Katrina. Et là, il doit jongler avec deux perceptions, deux styles de vie antinomiques.

A la surprise d’Elisha un des auteurs qu’il est amené à découvrir, Franz Kafka, est aussi d’une certaine manière à la frontière de ces mondes, et l’envie d’en savoir plus permet à Elisha de découvrir une époque qui lui était mal connue, et de s’apercevoir que les frontières entre les uns et les autres sont finalement plus ténues qu’il ne semble.

Les contes hassidiques émaillent le texte. En effet, il y en a toujours un qui permet d’accompagner la réflexion de l’un ou l’autre personnage, sans pour autant trop sembler le contraindre et montrer qu’au-delà des contraintes de la Loi, il y a l’être humain dans sa complexité, accepté tel qu’il est. Elisha leur reste très attaché.

Il y a également l’oncle Shaya, un des personnages important. Rescapé de la Shoah, il a un rapport complexe à la religion, oscillant entre des côtés très religieux et d’autres à l’opposé.

Le regard de l’auteur sur le monde hassidique est à la fois bienveillant et lucide. De plus, il saisit bien l’essence du monde extérieur, comme par exemple ce qui concerne le côté désabusé de Katrina, dont les parents sont divorcés, et lui montrent leur affection à grand renfort de billets.

Un roman qui ne devrait pas passer inaperçu !

Sophie MASSON pour Cultures-J.com.

Une place à table, de Joshua Halberstam, aux éditions de l’Antilope. 384 pages. 22,50€.

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