« Tsili » : la nouvelle de l’écrivain Aharon Appelfeld adaptée par Amos Gitaï…

Tsili, jeune fille juive en fuite, se réfugie dans la forêt au sud de Czernowicz, en Ukraine. En pleine période de guerre, toute sa famille a été déportée dans les camps de concentration.

Seule dans un environnement inconnu et hostile, elle est livrée à elle-même ; tout est question de survie. Contrainte de se cacher, elle se nourrit de baies et ramasse des brindilles pour se chauffer. La respiration est souvent haletante, la peur constante, le bruit des bombardements permanent. On entend la guerre, mais sans ne jamais la voir…

Sa cachette est découverte par Marek, qui vit lui aussi dans la forêt depuis un mois. S’exprimant uniquement en yiddish, il ne cesse de questionner la jeune fille. Des questions qui souvent restent sans réponse. Tsili, craintive, garde ses distances. Ils ont pourtant tellement des choses en commun, juifs en fuite et ayant perdu leur famille.

Avec le temps, Tsili et Marek apprennent à s’apprivoiser, tandis que le temps semble s’éterniser. Mais un jour, Marek part au village le plus proche à la recherche de victuailles… et ne reviendra jamais.

La guerre s’achève. Tsili quitte alors son refuge et rencontre des survivants à la recherche d’un bateau qui pourrait les mener vers un autre monde. « La mort nous suivra partout où nous irons » prononce  l’un d’eux, comme une évidence, un fait inévitable.

Tsili est une adaptation du roman de l’auteur israélien Aharaon Appelfed, qui a remporté en 2004 le Prix Médicis Étranger pour Histoire d’une vie. Aharon Appelfeld y utilise une écriture subtile et précise, ses personnages sont parfois muets, tout comme l’est Tsili. Le poids du silence est important dans son œuvre ; il capte surtout des regards, les expressions du visage.

Dans son adaptation cinématographique, Amos Gitai retranscrit ce silence, accentuant ainsi le drame psychologique tout en restant fidèle à la nouvelle d’Aharon Appelfed.

Amos Gitai a signé de nombreux films et documentaires, dont quatre ont été présentés en compétition au Festival de Cannes : Kaddosh, Kippour, Kedma et Free Zone, et cinq autres à la Mostra de Venise : Berlin-Jérusalem, Eden, Alila, Terre Promise, Ana Arabia. Amos Gitai met également en scène pour le théâtre et a conçu des installations / expositions dans plusieurs musées, dont Yitzhak Rabin / Amos Gitaï, à la Bibliothèque Nationale de France.

Tsili marque la deuxième collaboration entre Amos Gitai et la comédienne française Sarah Adler, qui s’est fait remarquer en 2003 lors du Festival de Cannes pour son rôle dans Notre musique de Jean-Luc Godard. Elle a également fait une apparition dans le Marie-Antoinette de Sofia Coppola en interprétant le rôle de la Comtesse d’Artois. Mais Sarah Adler va surtout s’implanter dans le renouveau du cinéma israélien tel qu’Avanim, de Raphael Nadjari en 2004, ou Les méduses d’Etgar Keret et Shira Geffen en 2007. Elle alterne les tournages entre la France et Israël, notamment pour les films de Katia Lewkowicz et les deux derniers longs métrages d’Amos Gitai : Ana Arabia en 2013, et Tsili.

Tsili a été présenté à La Mostra de Venise 2014 hors compétition, ainsi que lors des festival de Tokyo et de Sao Paulo.

Si vous désirez aller plus loin :

Tsili, d’Aharon Appelfeld, aux éditions Points. 60 pages. 5,90€.
Le nouveau cinéma israélien, d’Ariel Schweitzer, aux éditions Yellow Now / Côté Cinéma. 173 pages. 15,00€.
Amos Gitai / Yitzhak Rabin. Chroniques d’un assassinat, ouvrage collectif, aux éditions Gallimard. 240 pages. 26,00€.
Le cinéma israélien de la modernité, d’Ariel Schweitzer, aux éditions L’Harmattan. 276 pages. 27,50€.
Amos Gitaï. Architecte de la Mémoire, ouvrage collectif, aux éditions Gallimard. 208 pages. 29,00€.
Tsili (coffret livre + DVD), d’Aharon Appelfeld et Amos Gitaï, aux éditions Epicentre.

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