De « La nuit étoilée » au « Japon rêvé » : couleurs et voyage à l’Atelier des Lumières

Après le maître de la Sécession viennoise Gustav Klimt en 2018, c’est à présent au tour de Vincent Van Gogh d’être à l’honneur à l’Atelier des Lumières, dans une toute nouvelle exposition numérique.

La nuit étoilée, une expérience immersive où se succèdent près de 500 œuvres sur des musiques de Puccini, Lully, Nina Simone, Vivaldi ou Janis Joplin, invite le visiteur à plonger dans l’intimité poétique, mais surtout chaotique de l’artiste, et d’appréhender d’une manière nouvelle son « coup de pinceau » si particulier et reconnaissable entre tous.

Né le 30 mars 1853 à Groot-Zundert, aux Pays-Bas, fils d’un pasteur néerlandais, Vincent décide de devenir peintre en 1880 à l’âge de 27 ans. Autodidacte, il commence, à l’instar de dizaines d’autres artistes, par copier des toiles de ses paires, dont Jean-François Millet, à qui il voue une admiration sans borne.

Préoccupé par les classes ouvrières et leurs conditions de vie, il se pose en porte-parole et se met à peindre des scènes populaires, tisserands, marchands et paysans devenant ses principaux sujets. En avril 1885, en même temps que paraît le Germinal de Zola, Van Gogh donnera naissance à son premier chef-d’oeuvre, Les mangeurs de pommes de terre, bientôt suivi par d’autres, tels Chaumière à la tombée du jour ou Tisserand avec son métier.

Il quitte les Pays-Bas pour Anvers où il découvre Rubens, mais aussi les estampes japonaises d’Hokusai et d’Hiroshige, qui auront sur son oeuvre un impact décisif. En complément à La nuit étoilée, l’Atelier des Lumières propose d’ailleurs un programme court, Japon rêvé. Images du monde flottant, mettant en évidence l’influence de cet art ancestral sur son travail.

Mais dans la ville belge, avec un marché de l’art en récession et un style artistique qui est loin de faire l’unanimité, Van Gogh ne trouve pas sa place et décide de rejoindre la France et Paris, où il arrive en mars 1886.

Dans la capitale française, bien que leurs styles soient fort différents, il va se lier d’amitié avec les impressionnistes, qui commencent à peine à être reconnus. Avec Emile Bernard et Henri de Toulouse-Lautrec, qui va lui faire découvrir les nuits de Montmartre, ils vont organiser une première exposition en 1887, mais n’y vendront aucune toile. Au contact de Toulouse-Lautrec, les rues de Montmartre, où Van Gogh a son atelier au 54 de la rue Lepic, et la bohème parisienne vont l’inspirer. Il se met à peindre de nombreuses toiles, des paysages ou des scène d’intérieur, ainsi que quelques rares portraits, son genre préféré, comme Agostina Segatori au café du Tambourin, tenancière du cabaret et accessoirement maîtresse de l’artiste, ou encore L’italienne, toiles qu’il exposera dans des cafés de la ville Lumière, en quête d’un hypothétique succès. Mais n’ayant pas les moyens de payer des modèles pour poser, il va faire de sa propre image le principal sujet de ses portraits, réalisant pas moins de 37 autoportraits.

Sans revenus, fatigué et désabusé par Paris, Vincent Van Gogh déménage et s’installe à Arles en 1888. Comme des dizaines d’autres artistes avant lui, les couleurs et la lumière du Sud vont l’inspirer, même s’il ne s’habituera jamais dans cette ville.

« Je ne vois nulle part ici la gaieté du sud dont parle tant Daudet, mais plutôt une désinvolture insipide et une négligence sordide. »

Lettre de Vincent Van Gogh à son frère Théo. 1888.

En un peu plus d’un an, il va cependant peindre deux cents toiles, réaliser une centaine de dessins, et écrire quelques deux cents lettres, principalement à son frère Théo, qui s’occupe financièrement de lui. Deux cents lettres sur les six-cent-cinquante-deux qu’il lui adressera de 1872 à sa mort en 1889.

Fin 1888, Paul Gauguin, en visite à Arles, rencontre Vincent Van Gogh à son domicile. En total désaccord sur le style pictural, les deux hommes se disputent le 23 décembre. Van Gogh va menacer Gauguin avec une lame de rasoir, et finir par se trancher une partie de l’oreille, qu’il ira donner à une employée de la maison close voisine. Une expérience effrayante qui lui vaudra cependant l’un de ses plus fameux autoportraits : Autoportrait à l’oreille bandée.

Mais après cet incident, une pétition est lancée par ses voisins, inquiets et effrayés par le comportement du peintre. Van Gogh est interné à l’asile de Saint-Rémy de Provence en mai 1889, où on l’installe dans une chambre faisant également office d’atelier. Un internement qui allait finalement développer son esprit créatif et imaginatif, avec la réalisation des Iris et de La Nuit étoilée, deux toiles exposées au 5ème salon des Indépendants en 1889, et qui recevront un accueil très positif, notamment de Claude Monet et de Camille Pissarro.

En même temps qu’il quittera l’asile de Saint-Rémy de Provence, il fuira le Sud pour regagner la région parisienne, et la ville d’Auvers-sur-Oise, appréciée par Camille Pissarro, Alfred Sisley, Claude Monet ou encore Paul Cézanne… Une ville où il fait la connaissance du docteur Gachet, ami des peintres et lui aussi artiste, en qui il trouve une oreilles attentive, faisant de lui un portrait exceptionnel. A Auvers, en l’espace de huit semaines, Van Gogh exécutera soixante-dix toiles, dont L’église d’Auvers-sur-Oise.

« J’ai fait le portrait du docteur Gachet avec une expression de mélancolie qui souvent à ceux qui regarderaient la toile, pourrait paraître une grimace (…). On peut se rendre compte combien, en comparaison des portraits calmes anciens, il y a de l’expression dans nos têtes actuelles et de la passion. »

Lettre de Vincent Van Gogh à sa sœur Wilhelmina, 1890.

Après avoir passé quasiment toute sa vie à combattre ses démons intérieurs et n’avoir vendu de son vivant qu’une seule toile par l’intermédiaire de son frère Théo, la vigne rouge, achetée à Bruxelles par la peintre Anna Boch en 1890 pour la modique somme de 400 francs, Vincent Van Gogh se suicide le 27 juillet 1890 en se tirant une balle dans la poitrine, laissant derrière lui un testament artistique de quelques 2.000 toiles et dessins.

C’est donc à un magnifique voyage immersif dans les principales villes et les grandes étapes artistiques de Vincent Van Gogh auquel nous convie l’Atelier des Lumières, de ses œuvres de jeunesse à ses dernières toiles, voyage complété par un programme court, Le Japon rêvé. Images du monde flottant, créé par le Studio Danny Rose. Consacré à l’une des principales sources d’inspiration de Van Gogh, Le Japon rêvé. Images du monde flottant présente différentes séquences, de la mer aux cerisiers en fleurs, en passant par les éventails, les samouraïs, les lanternes japonaises et bien sûr les inévitables geishas…

La nuit étoilée et Japon rêvé. Images du monde flottant, jusqu’au 31 décembre 2019 à l’Atelier des Lumières.

Van Gogh : La nuit étoilée à l’Atelier des Lumières, aux éditions Beaux Arts Magazine. 66 pages. 9,50€.

Si vous désirez aller plus loin :

Van Gogh, de David Haziot, aux éditions Folio. 496 pages. 10,20€.
Van Gogh : l’oeuvre complet – peinture, de Rainer Metzger et Ingo f Walther, aux éditions Taschen. 741 pages. 14,99€.
Van Gogh : lettres à son frère Théo, de Vincent Van Gogh, aux éditions Gallimard. 574 pages. 12,90€.
Van Gogh et le Japon, aux éditions Actes Sud. 200 pages. 49,00€.
Lettres de Van Gogh, l’art des mots. 265 lettres et 110 dessins originaux (1872-1890), aux éditions Actes Sud. 1.093 pages. 52,00€.

Et pour la jeunesse :

Vincent Van Gogh, aux éditions découvertes Gallimard. 26 pages. 9,00€.
Vincent Van Gogh, de Patricia Crété, Bruno Wennagel et Mathieu Ferret, aux éditions Quelle Histoire. 40 pages. 5,00€.
Les couleurs de Van Gogh, de Claire Merleau-Ponty et Nestor Salas, aux éditions RMN. 37 pages. 10,00€.
Comment parler de Vincent Van Gogh aux enfants ?, de Anne Cortey, aux éditions Le baron perché. 80 pages. 14,00€.

Partagez vos impressions

Cet article vous intéresse ? Laissez un commentaire.

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.