Palestine, Liban, Jordanie… « Breaking Bread », quand la gastronomie abat les frontières

Nof Atamna-Ismaeel, d’origine palestinienne, est une femme chef réputée, surtout depuis qu’elle a remporté le « Masterchef » israélien.

Grâce à sa notoriété, elle a pu créer Asham, un festival de cuisine arabe à Haïfa, qui dure trois jours. Et dans ce festival se côtoient des chefs venus de tout le territoire israélien, représentant les multiples facettes de cette cuisine dont les origines sont, en grande partie, arabes mais également internationales.

Haïfa n’est pas un choix de hasard : la ville est un exemple de paix maintenue entre arabes et juifs depuis plus de cent ans.

Asham, le nom du festival, signifie « Le levant », parce qu’autrefois c’était le nom commun du Liban, de la Syrie, de la Jordanie, d’Israël et de la Palestine, et qu’en termes de cuisine, tout est commun entre ces cinq territoires : les ingrédients, les techniques, les recettes.

Les chefs se retrouvent. Certains travaillent à Haïfa. C’est le cas de Shlomi Neir qui, dans son restaurant, Mayan Habira, fait perdurer les mêmes recettes issues de la plus ancienne tradition culinaire.

Shlomi, entouré de son père Reuven et de sa sœur Shon, explique que cet amour de la cuisine lui a été transmis par son grand-père, lequel lui avait appris le métier un peu comme il lui avait appris à nager : en le jetant dans le grand bain !

Ilan, lui aussi, travaille à Haïfa ; son père est français catholique, sa mère juive et son parrain musulman. Donc Ilan est d’avis de « laisser de côté les egos et les conflits de religion » pour s’entendre autour de son fameux Maqlouba de poulpe.

Ali Khattib, quant à lui, vient du village de Ghajar, exactement situé sur la frontière entre Israël et le Liban, et qui est même partagé en deux par cette frontière. C’est là-bas, dans son restaurant, qu’il reprend l’ancestral Kishek, des boulettes de boulgour sec trempées dans le yogourt.

Et puis Osama exerce son talent à Acre ; il est né palestinien mais vit en Israël. Tomer reprend la cuisine marocaine dans son Quando Pasha. Salah travaille à Jaffa, à côté de Tel Aviv, un quartier pluri-ethnique et donc pluri-linguistique mais dans lequel tout le monde s’accorde autour des fameux Quatayef, les pâtisseries fourrées au fromage.

Et tous se retrouvent à Haïfa pour le festival Asham, à la recherche d’un plat qui serait représentatif de la diversité culinaire israélienne. Pourquoi pas le Musakhan, ce pain pita avec des oignons caramélisés, du sumac, du persil et du poulet autour duquel on s’attable pour festoyer ensemble ? ou bien le Sumaciya, cette viande mijotée dans l’eau parfumée au sumac et qui est caractéristique de la bande de Gaza ?

L’important, finalement, c’est de dépasser les clivages, les lourdeurs, les oppositions.

Qu’importent les nationalités ou les religions. Comme le dit en souriant Nof Atamna-Ismaeel : « les gens, c’est comme les plats, il faut plusieurs couleurs, sinon c’est terne ! » 

Ce que ne démentiront pas le couple de restaurateurs Shoshi et Fadi Karaman. Ils sont mari et femme, bien qu’elle soit juive et lui musulman. Qu’importe, ils se retrouvent dans l’amour et dans la confection de leur houmous maison.

La cuisine a ceci de vrai et de fort qu’elle réconcilie autour d’une vérité ultime et très humaine, celle des papilles gustatives. La cuisine est un message de convivialité, de tolérance et de partage. Comme le dit un panneau à l’entrée du festival Asham : « Si vous êtes raciste, sexiste, homophobe ou trou du c…, n’entrez pas !« 

Breaking Bread, de Beth Elise Hawk, sera présenté du 17 janvier au 2 février 2023 dans le cadre du festival Dia(s)porama, proposé par le département Art et Culture du FSJU :

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